Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Carnets d'un païen - Page 9

  • Les chants de la pluie et du soleil d'Hugues Rebell

    Chants de la pluie et du soleil, Hugues Rebell, poésie

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Lorsqu’on parle de poème en prose, on a l’habitude de se limiter à Baudelaire, pour ensuite passer directement aux scribouillards modernes. Comme, sauf exception, on ne peut guère compter sur les profs de collège pour ouvrir des horizons originaux, votre serviteur va s’en charger.

    Hugues Rebell (1867-1905) est souvent considéré comme un auteur érotique (encore une réduction, tiens), mais il a également signé un recueil de « poèmes en prose » particulièrement brillant (récemment réédité aux éditions La part commune). Servi par une écriture à la fois limpide et foisonnante, brutale et raffinée, ce livre regorge d’idées, de critiques. Une véritable mine d’or. Plaidoyer pour la vie, la pensée et l’art ; critique de tout ce qui, selon l’auteur, s’oppose à eux. Textes romantiques, politiques, philosophiques, narratifs. Un monument du genre, à coté duquel on passe trop souvent, et qui a de quoi « rendre voyants même les aveugles ». A redécouvrir d’urgence !

    Une de mes pages préférées:

    XIX

    Ô poètes, mes frères, je crains pour vous.

    Vous ressemblez à des voyageurs qui s'en vont portant des trésors à travers la forêt; ceux-ci contemplent les ciselures du coffret qu'ils ont à la main, tandis que leurs compagnons regardent les arbres ou le ciel : nul ne songe aux voleurs.

    J'en vois bien qui se croient plus éclairés et plus prudents et qui, allant au-devant des bandits, leur ont offert une partie de leurs richesses pour qu'ils les protègent ; mais ceux-là sont encore plus fous que les autres.

    Ô poètes, mes frères, je vous le dis : Vous serez tous égorgés.

    Parce que nul ne se défie, parce que nul ne sait prendre un couteau, que nul n'a la force de frapper ceux qui l'attaquent.

    Et pourtant cela est beau de défendre son rêve ; vous parliez hier des antinomies de la pensée et de l'action, vous ne saviez pas ce que vous deviez faire : Eh bien, la voilà votre tâche !

    Les Barbares sont là. Près de vous ; dans leur colère imbécile ils vont renouveler les grands crimes de l'Histoire : ils brûleront les bibliothèques, ils mutileront et briseront les statues.

    Ils frappent tous ceux de leurs ennemis qu'ils peuvent faire prisonniers, surtout les nobles, surtout les forts, surtout les beaux.

    Pour moi, dès maintenant j'ai mes armes prêtes : je saurai combattre et mourir pour la Beauté.

     

    Le lien du texte en ligne (je vous conseille la version pdf pour éviter les fautes de frappe)

    http://archive.org/details/chantsdelapluie00rebe

     

  • Le salut: une vieille soupe qui fait toujours recette

    Panoramix Astérix potion magique

     

     

     

     

     

     

     

    Depuis des millénaires, des sectes (au sens large et non péjoratif du mot), avec plus ou moins de succès, promettent aux gogos d’être « sauvés », à condition de croire à ci ou ça, et de verser le denier de l’Eglise, bien entendu. Contrairement à ce qu’on imagine communément, ces fables n’ont pas commencé avec le christianisme, mais existaient déjà des siècles auparavant, avec ce qu’on appelle communément des « dieux sauveurs », les « cultes à mystères », ou plus généralement « les cultes orientaux », car toutes ces bêtises viennent souvent de l’est, il faut bien l’avouer. La faute à un soleil trop persistant ? Laissons aux plus sages que nous le soin de l’éclaircir.

    Toujours est-il  que les dieux sauveurs ont du succès depuis un bon bout de temps, et que les manifestations modernes de ce phénomène ne sont jamais  que la version la plus aboutie de cette soupe spirituelle. Dans l’Athènes classique déjà, ça faisait un tabac parmi le bas peuple, les ignorants, les malheureux, les illettrés, exactement comme  certains cultes actuellement dans le tiers-monde et les banlieues pauvres des pays riches.

    On aurait du mal à lister les dieux sauveurs que l’histoire a connus (Nietzsche, dans une page lumineuse, appelle cela le « christianisme latent », et rappelle judicieusement que la religion contre laquelle Epicure et Lucrèce vitupéraient, c’était cela, bien davantage que les cultes traditionnels). A chaque fois, qu’il s’agisse d’Attis, d’Adonis, de Mithra ou d’un autre, c’est plus ou moins la même fable d’un dieu venu aider les hommes, et qui les a sauvés. Sauvés de quoi, on se le demande, car à ce que je sache, les adeptes de ces cultes ne sont préservés d’aucun des maux qui accablent les autres hommes : maladie, accidents, vieillesse, mort plus ou moins violente. Qu’on me cite en quoi la vie des hommes est meilleure depuis les années 30 (de notre ère, j’entends), ou depuis la venue de je ne sais quel autre «dieu sauveur ».

    Mais attends Cléoménès, t’as rien compris ! Le salut, le paradis éternel, les pucelles en rab et tout le tralala, ça va venir A-PRES ! En attendant faut être sage. Pas dépasser les bornes. Faire ce qu'on te dit. Et donner 10 balles le dimanche à la paroisse (ou 10/100 de son salaire chez les plus exigeants).

    Je ne voudrais pas paraître néo-pyrrhonien aux entournures, mais tout de même, ça sent l’entourloupe… On promet monts et merveilles, mais c’est invérifiable. Et ce qu’on nous demande de mettre en jeu dans cette affaire, ce n’est rien de moins que notre vie. L’arnaque est géniale puisque la rémunération qu’on vous promet, ça se passe post mortem et que par conséquent, le mensonge ne peut pas être prouvé.

    Résumons donc : des dieux sauveurs qui n’ont rien sauvé du tout, mais qui vous promettent d’être sauvé dans le futur, à condition de marcher droit. Il fallait y penser.

     

  • Taxe sur les épargnants à Chypre

    chypre,taxe,impot,épargnants,troika,u.e.,union européenne,capitalisme,comptes bancaires,finance,maddoff

    Les mecs, une idée pour trouver du fric vite fait ? Et si on taxait carrément les comptes en banques mon général ? Hé, pas con ça ! Fallait y penser ! On voudrait faire s’écrouler une économie en provoquant des retraits massifs qu’on ne s’y prendrait pas autrement…

    Alors c’est sur, si on écoute nos ministres et compagnie, c’était la bonne solution ! Attali en particulier a été éloquent. Si on prenait 30/100 de leurs économies, ils nous feraient d’autres têtes les cocos (enfin « sosos » plutôt) !

    Y a pas à dire, l’union européenne mérite son prix Nobel de la paix. Après avoir diminué les sommes consacrées aux restos du cœur, elle s’attaque carrément aux comptes en banque. Enfin, pas ceux du bas peuple bien sur, ceux des méchants qui ont plus de 100 000 euros sur leur compte. Le grand capitalisme quoi ! Les gens qui ont épargné des années, ou qui viennent de vendre un bien ne peuvent pas vraiment être honnêtes, n’est-ce pas ?

    La grande excuse aussi, c’est que Chypre, c’est des vilains gangsters de la finance. Pas comme Londres, New York et compagnie. Là bas, ils sont clean.

    Ah, décidément, la troïka a de sacrés arguments pour voler les gens. Une vraie fusion entre Maddoff et Démosthène.

     

  • L'imam Chalghoumi et la langue française

    chalghoumi,imam,langue française

    Vous connaissez sans doute l’imam Chalghoumi. Mais si, enfin, cet imam qui fait la une des magazines, qui écrit des livres, et qu’on a vu chez Ruquier le mois dernier ! Le type à coté duquel Pujadas était haut comme trois pommes. 

    On reproche souvent à cet imam républicain entre tous ses liens prétendus avec le sionisme. Pure fables que tout ceci, mon bon monsieur ! Je ne verserai pas à mon tour dans des délires conspira-tionnistes aussi absurdes. Je préfère m’attacher à un domaine plus terre-à-terre, plus Bernardpivotesque si j’ose dire : la maitrise de la langue française. Domaine dérisoire, critique désespérée, je l’avoue, pour contrer insidieusement un message de lumière.

    Mais quand même… Quel niveau de langue, pour quelqu’un qui prend la parole en public régulièrement, qui soit disant, écrit des livres, qui donne autant de leçons ! Quelle tristesse que son amour passionné de la France ne lui ait pas donné envie d’apprendre mieux la langue.

     Quelle déchéance pour un pays que d’écouter autant quelqu’un qui n’est pas fichu de prononcer trois mots sans fautes de prononciation. Comme si niveau de langue et de pensée n’étaient pas corrélés. Comme s’il était possible de véhiculer un message sublime et profond avec 500 mots de vocabulaire et une syntaxe digne d’un mauvais élève de CP…

    Pour ceux qui croiraient que je suis mauvaise langue, deux vidéos édifiantes :

    http://www.youtube.com/watch?v=4EPL3DhItjw

    http://www.dailymotion.com/video/xckbfw_hassan-chalghoumi-homme-de-lettres_news

    Si vous toujours pas comprendre, moi rien pouvoir faire pour vous…

     

  • Une conception très spéciale de l'intelligence

    Ces derniers temps, l’autisme est de plus en plus médiatisé. Emissions, reportages, débats défilent à la chaine. On nous y explique que les personnes atteintes du syndrome d’Asperger, sont parfois des génies, mieux, qu’un nombre considérable de génies étaient des « Aspis ». En clair, ces autistes de haut niveau ont une intelligence supérieure à la moyenne.

    A l’appui, on nous expose les capacités de mémorisations sidérantes de certaines de ces personnes (retenir les 20 000 premières décimales du nombre pi, retenir quasiment par cœur des milliers de livres…), ou leur aisance à résoudre des problèmes mathématiques.

    Toute l’erreur ici, selon moi, est de considérer que cette mémoire d’éléphant, et cette intelligence d’ordinateur serait synonyme d’intelligence supérieure, et même  de génie. De croire que le cerveau idéal fonctionne comme une sorte de disque dur, qui mémorise tout ce qui lui passe devant les yeux.

    Pour ma part, je ne conçois pas de génie qui ait un manque d’imagination, des difficultés à s’intéresser aux autres, qui ait du mal à percevoir le second degré, l’ironie, l’humour en général. Ces critères me semblent infiniment plus importants pour définir l’intelligence que la capacité à résoudre un problème mathématique ultra-complexe, ou à trier des nombres premiers. Ou alors, il faut reconnaître que mon pc, et même ma calculette sont des génies, et que les grands poètes, conquérants, législateurs de l’humanité, qui étaient probablement incapables de telles performances intellectuelles, n’en étaient pas.

    Quoi d’étonnant, d’ailleurs, si notre époque, de plus en plus informatisée, mécanisée, mathématique, amoureuse de la performance valorise cette conception de l’intelligence ?

    Ce jeu médiatique est d'autant plus néfaste que la plupart des autistes, et des asperger, ne cadrent pas avec le profil du héros de Rain man, et se voient donc coller une étiquette qui ne leur correspond pas, comme l'explique très bien un article sur le sujet : « Non tous les autistes ne sont pas des génies »

    http://informations.handicap.fr/art-handicap-1-5643.php