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hugues rebell

  • Un poème pour la journée de la femme

    Garde ta beauté, tendre amie dont l’élégante nonchalance m’est si douce.

    Ne prête point l’oreille à ce tumulte de grotesques qui, n’étant d’aucun sexe, veulent des droits et des devoirs égaux pour l’homme et pour la femme.

    La Beauté du monde est dans la variété et l’inégalité ; sache-le bien : il n’y a rien d’égal, il n’y a rien de semblable.

    Laisse ces êtres qui ne savent plus charmer essayer de dominer ; laisse-les devenir docteur ou député, artiste ou savant : la force leur manque autant que la Grâce.

    Parce qu’elles ont voulu se mettre en dehors de la nature, parce qu’elles n’ont pas senti la grandeur de la femme, qu’elles soient l’être incomplet qu’elles ont rêvé, qu’elles deviennent ce monstre : le bas bleu !

                Ô souveraine, ô dominatrice, ô déesse !

                Toi qui nous gouvernes

                Par la toute-puissance de ton sourire et de tes larmes,

                Et caches tes pouvoirs dans ton geste et ta caresse,

                Que je te sacre de ton nom glorieux : Ô Femme !

     

                (…)

    Hugues Rebell, Chants de la Pluie et du Soleil, XCI

     

  • Les chants de la pluie et du soleil d'Hugues Rebell

    Chants de la pluie et du soleil, Hugues Rebell, poésie

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Lorsqu’on parle de poème en prose, on a l’habitude de se limiter à Baudelaire, pour ensuite passer directement aux scribouillards modernes. Comme, sauf exception, on ne peut guère compter sur les profs de collège pour ouvrir des horizons originaux, votre serviteur va s’en charger.

    Hugues Rebell (1867-1905) est souvent considéré comme un auteur érotique (encore une réduction, tiens), mais il a également signé un recueil de « poèmes en prose » particulièrement brillant (récemment réédité aux éditions La part commune). Servi par une écriture à la fois limpide et foisonnante, brutale et raffinée, ce livre regorge d’idées, de critiques. Une véritable mine d’or. Plaidoyer pour la vie, la pensée et l’art ; critique de tout ce qui, selon l’auteur, s’oppose à eux. Textes romantiques, politiques, philosophiques, narratifs. Un monument du genre, à coté duquel on passe trop souvent, et qui a de quoi « rendre voyants même les aveugles ». A redécouvrir d’urgence !

    Une de mes pages préférées:

    XIX

    Ô poètes, mes frères, je crains pour vous.

    Vous ressemblez à des voyageurs qui s'en vont portant des trésors à travers la forêt; ceux-ci contemplent les ciselures du coffret qu'ils ont à la main, tandis que leurs compagnons regardent les arbres ou le ciel : nul ne songe aux voleurs.

    J'en vois bien qui se croient plus éclairés et plus prudents et qui, allant au-devant des bandits, leur ont offert une partie de leurs richesses pour qu'ils les protègent ; mais ceux-là sont encore plus fous que les autres.

    Ô poètes, mes frères, je vous le dis : Vous serez tous égorgés.

    Parce que nul ne se défie, parce que nul ne sait prendre un couteau, que nul n'a la force de frapper ceux qui l'attaquent.

    Et pourtant cela est beau de défendre son rêve ; vous parliez hier des antinomies de la pensée et de l'action, vous ne saviez pas ce que vous deviez faire : Eh bien, la voilà votre tâche !

    Les Barbares sont là. Près de vous ; dans leur colère imbécile ils vont renouveler les grands crimes de l'Histoire : ils brûleront les bibliothèques, ils mutileront et briseront les statues.

    Ils frappent tous ceux de leurs ennemis qu'ils peuvent faire prisonniers, surtout les nobles, surtout les forts, surtout les beaux.

    Pour moi, dès maintenant j'ai mes armes prêtes : je saurai combattre et mourir pour la Beauté.

     

    Le lien du texte en ligne (je vous conseille la version pdf pour éviter les fautes de frappe)

    http://archive.org/details/chantsdelapluie00rebe

     

  • Un poème d'Hugues Rebell sur Calvin

    Hugues Rebell, Calvin

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Toute la grande misère de ce siècle, c’est toi, Calvin, c’est toi misérable qui l’as faite ! Quand l’humanité commençait à se délivrer de Jésus, à se délivrer de Paul, tu es venu étouffer sa force ; mais nous finirons peut-être par t’étouffer à ton tour.

    Nous déchirerons les redingotes grotesques de tes ministres ; nous ferons des édits somptuaires contre le noir, le chagrin, la ridicule solennité et nous couvrirons de fresques païennes et de claires tentures les murs blancs de tes temples pour installer à la place du crucifié la sainte Vénus, le saint Amour.

    Puis nous brûlerons les livres graves, lourds et pédantesques de tes savantasses et nous canoniserons le Soleil, la poésie et la joie. Alors on dira : « Les Dieux et les déesses sont revenus », car sur le gazon frais, des nymphes et des satyres couronnés de roses se seront mis à danser.