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Histoire - Page 3

  • Le salut: une vieille soupe qui fait toujours recette

    Panoramix Astérix potion magique

     

     

     

     

     

     

     

    Depuis des millénaires, des sectes (au sens large et non péjoratif du mot), avec plus ou moins de succès, promettent aux gogos d’être « sauvés », à condition de croire à ci ou ça, et de verser le denier de l’Eglise, bien entendu. Contrairement à ce qu’on imagine communément, ces fables n’ont pas commencé avec le christianisme, mais existaient déjà des siècles auparavant, avec ce qu’on appelle communément des « dieux sauveurs », les « cultes à mystères », ou plus généralement « les cultes orientaux », car toutes ces bêtises viennent souvent de l’est, il faut bien l’avouer. La faute à un soleil trop persistant ? Laissons aux plus sages que nous le soin de l’éclaircir.

    Toujours est-il  que les dieux sauveurs ont du succès depuis un bon bout de temps, et que les manifestations modernes de ce phénomène ne sont jamais  que la version la plus aboutie de cette soupe spirituelle. Dans l’Athènes classique déjà, ça faisait un tabac parmi le bas peuple, les ignorants, les malheureux, les illettrés, exactement comme  certains cultes actuellement dans le tiers-monde et les banlieues pauvres des pays riches.

    On aurait du mal à lister les dieux sauveurs que l’histoire a connus (Nietzsche, dans une page lumineuse, appelle cela le « christianisme latent », et rappelle judicieusement que la religion contre laquelle Epicure et Lucrèce vitupéraient, c’était cela, bien davantage que les cultes traditionnels). A chaque fois, qu’il s’agisse d’Attis, d’Adonis, de Mithra ou d’un autre, c’est plus ou moins la même fable d’un dieu venu aider les hommes, et qui les a sauvés. Sauvés de quoi, on se le demande, car à ce que je sache, les adeptes de ces cultes ne sont préservés d’aucun des maux qui accablent les autres hommes : maladie, accidents, vieillesse, mort plus ou moins violente. Qu’on me cite en quoi la vie des hommes est meilleure depuis les années 30 (de notre ère, j’entends), ou depuis la venue de je ne sais quel autre «dieu sauveur ».

    Mais attends Cléoménès, t’as rien compris ! Le salut, le paradis éternel, les pucelles en rab et tout le tralala, ça va venir A-PRES ! En attendant faut être sage. Pas dépasser les bornes. Faire ce qu'on te dit. Et donner 10 balles le dimanche à la paroisse (ou 10/100 de son salaire chez les plus exigeants).

    Je ne voudrais pas paraître néo-pyrrhonien aux entournures, mais tout de même, ça sent l’entourloupe… On promet monts et merveilles, mais c’est invérifiable. Et ce qu’on nous demande de mettre en jeu dans cette affaire, ce n’est rien de moins que notre vie. L’arnaque est géniale puisque la rémunération qu’on vous promet, ça se passe post mortem et que par conséquent, le mensonge ne peut pas être prouvé.

    Résumons donc : des dieux sauveurs qui n’ont rien sauvé du tout, mais qui vous promettent d’être sauvé dans le futur, à condition de marcher droit. Il fallait y penser.

     

  • Faut-il admirer Sparte ?

    sparte, lambda, bouclier spartiate

    Depuis 25 siècles, de beaux esprits admirent la plus militariste et anti-intellectualiste des cités grecques, j’ai nommé Sparte. Tout d’abord, les grands philosophes athéniens, toujours prêts à se faire laquais des tyrans et à vomir sur la démocratie et l’isonomie de leur cité. Eux qui ne cessaient de pourfendre la poésie, les mythes, l’art oratoire, bref tout ce qui faisait la Grèce antique, étaient ravis de voir une cité partageant leur haine de l’art. Une cité astreinte à des lois absurdes, qui ne vivait que pour la guerre. Les « laconisants » étaient du reste légions à Athènes, chez les jeunes cons et les vieux fous. L’herbe est toujours plus verte ailleurs.

    De nos jours, les féministes se pâment devant la condition féminine à Sparte, bien meilleure que chez ces talibans d’Athéniens ! Gageons que si l’on pouvait remonter dans le temps, faire de l’athlétisme à poil ne les botterait pas trop, et qu’au bout de 8 jours, elles chialeraient pour qu’on les emmène à Athènes ou Corinthe. Gageons aussi que si elles connaissaient un peu l’histoire, elles préféreraient de loin la condition de la femme à l’époque hellénistique ou romaine, plutôt que de se faire une fixette sur Sparte; mais bon, on ne peut forcer personne à se faire une culture.

    Il y a aussi les ados qui fantasment d’exploits guerriers, et vouent une admiration sans bornes pour Sparte. Ce sont encore les moins bêtes des « spartophiles », car si Sparte est admirable en quelque chose, c’est bien dans ce domaine, quoiqu’elle soit loin d’être la machine de guerre la plus redoutable de l’antiquité (à coté de l’empire Assyrien, Perse, Romain, par exemple, Sparte n’était pas grand-chose, quoiqu’elle ait produit certains des meilleurs généraux antiques, et des soldats de grande classe).

    Sparte a enfin un certain succès dans les milieux nationalistes. Des patriotes de bonne foi croient y voir un exemple de probité, d’amour de la patrie, etc. Raté, la Sparte de l’époque classique a eu un comportement tout sauf irréprochable à l’époque de la menace perse. Lors de la première guerre médique, elle a laissé Athènes seule contre l’envahisseur. Elle a ensuite abandonné les cités grecques d’Ionie à leur sort. C’est en grande partie grâce à l’or perse que Sparte a gagné la guerre du Péloponnèse. Et l’on pourrait multiplier les exemples, qui prouvent que Sparte était tout, sauf un modèle de patriotisme grec et de résistance à l’envahisseur.

    En bref, il existe bien un mythe spartiate, qui, depuis 2500 ans, pousse toutes sortes d’esprits tordus, faibles ou mal informés, à admirer la moins admirable des cités grecques. Un état bananier et militariste détestable, qui n’a légué aucune grande figure intellectuelle ou artistique aux siècles futurs. Si toute la Grèce avait été à l’image de Sparte, il n’en resterait rien aujourd’hui.

    Pour aller plus loin, je conseille la lecture de l’article « Luxe » du dictionnaire philosophique de Voltaire, qui règle leur compte aux spartophiles (à commencer par ce crétin de Rousseau).