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La pornodépendance : une imbécilité féministo-religieuse

 J’ai découvert il y a quelques temps l’idée de « dépendance à la pornographie », qui fleurit sur le net. Endoctrinés par cette imbécilité, essentiellement relayée par le christianisme et le féminisme, des dizaines de pauvres bougres s’imaginent pollués, pervertis, parce qu’ils se tripotent de temps en temps devant un porno, ce qui, avouons-le, n’a rien de dramatique.

 

S’ensuivent des « journaux de sevrages », sur certains sites, dans lesquels ces pseudos-malades détaillent leur vie sexuelle dans les moindres détails. Au bout d’un temps, et en dépit de leurs serments, ils finissent par « rechuter » (traduction : ils se branlent un bon coup, comme tous les hommes depuis la nuit des temps lorsqu’ils n’ont pas à portée une compagne prête à baiser 3 fois par jour). S’ensuivent de nouvelles promesses, de nouvelles résolutions tout aussi vaines, de nouvelles rechutes, etc. Au bout d’un temps plus ou moins long, ils disparaissent des sites ou des groupes de paroles, sans donner de nouvelles.

 

Même chez ceux qui disent ne pas avoir la foi, on décèle un vocabulaire judéo-chrétien très prononcé : tentation, rédemption, pulsions diaboliques, etc, ainsi qu’une culpabilisation omniprésente, motivée par des fautes imaginaires ou exagérées. Ce qui prouve, en dépit de leurs protestations indignées, que leur délire n’est qu’un avatar moderne du moralisme sexuel abrahamique, dont on connait les travers et les hypocrisies.

 

Bientôt, ce n’est plus seulement le porno qui est dénoncé, mais la masturbation elle-même, perçue comme non-naturelle. Bien sûr, ce « combat » est perdu d’avance, pour des raisons assez évidentes. (« tout coule », disait Héraclite, à croire que le phallus n’échappe pas à cette loi universelle) A la clé, culpabilité, haine de soi, honte de n’avoir pas su contenir un jus de bite qui devait fatalement s’évacuer. En un mot, nous voila revenu à la pire connerie moyenâgeuse possible.

 

Le plus drôle, c’est que sur ces fora censés sevrer les gens, on ne parle de rien d’autre que de la grosse bite en bois ! Aucune discussion sur l’art, la philosophie, la littérature, l’actualité. Rien d’élevé, surtout. Juste le service trois pièces, dans son insondable grandeur. C’est comme si des drogués voulaient se soigner en ne parlant que de drogue. Pire encore, on a l’impression que ces gens prennent un plaisir malsain à raconter leurs problèmes sexuels à des inconnus.

 

Résumons donc :

-Lutte perdue d’avance contre des instincts naturels

-Culpabilité artificielle, née de cet échec provoqué

-Morale moisie, issue en droite ligne des religions révélées.

 

Le monde est plein d’idées chrétiennes devenues folles, disait un écrivain. L’idéologie de la « pornodépendance » en est une parfaite illustration.

 

Pour finir, voici une critique « live » de ce phénomène sur un forum dédié à la pornodépendance. Les divers arguments de part et d’autre sont avancés. Je vous laisse vous faire votre propre idée.

 

 http://pornodependance.vraiforum.com/t1119-L-avis-d-un-sceptique.htm#p33074

 

 

Et pour le plaisir, un article d’un site chrétien anti porno : vous y apprendrez que faire des cochonneries en regardant Youporn attriste le saint esprit, et peut mener à l’homosexualité (terrible n'est-ce pas ?)

 

 

http://www.nycodem.net/lecture/exhortation.php?id=293

 

 

Commentaires

  • je cite le YOUCAT(distribué au derniere JMJ)
    "question 409: est-ce que la masturbation est une faute à l'amour?

    La masturbation est une faute contre l'amour parce que l'excitation du plaisir se fait dans une finalité egoïste, qui n'a rien a voir avec l'épanouissement de l'amour dans les rapports normaux entre un homme et une femme. C'est pourquoi le plaisir sexuel recherché pour lui-même est un désordre.[2352]

    L'Eglise ne diabolise pas la masturbation, mais elle met en garde pour qu'on ne la minimise pas. Effectivement, beaucoup de jeunes et d'adultes sont menacés de devenir des consammateur solitaires d'images pornographiques au cinéma ou sur internet, au lieu de trouver l'amour dans une relation personnelle. La solitude peut amener à une impasse où la masturbation devient comme une addiction. Contrairement au slogan qui dit: "pour le sexe, je n'ai besoin de personne, je me le fait moi-même quand je veux"

    donc en résumé, l'Eglise ne diabolise la masturbation, elle pense pas qu'il ne faut pas qu'elle devienne une habitude(genre ne plus avoir de vie social pour se masturber) et que à terme personne n'est heureux ainsi...
    Incroyable l'Eglise veut juste les gens soient heureux, avant de dire quelque chose renseigne toi mieux.

  • j'ai oublier de finir une phrase donc je rajoute
    Contrairement au slogan qui dit: "pour le sexe, je n'ai besoin de personne, je me le fait a moi-même quand je veux", personne n'est heureux ainsi"

  • Bien sur, vos obsessions malsaines sont toujours motivées par l'amour du prochain...

    Pour ma part, je ne connais personne qui se prive de vie sociale pour passer ses journées à se branler. Et si ça existe, c'est plutot du ressort de la psychiatrie qu'autre chose. Le moralisme n'a jamais résolu aucun problème. En revanche, il en invente souvent pour exister.

  • moi non plus mais je ne pas pense que des personnes concernés disent ça je signalait juste qu'il ne faut pas diaboliser les propos de l'église. ils ont juste un point de vue différents sur la question et ne diabolise pas la masturbation.

  • Je n'ai pas l'impression d'avoir diabolisé quoi que ce soit. Le phénomène que je décrit (l'essor de discours moralisants sur la "pornodépendance") est en grande partie alimenté par le christianisme.

    Faire de la masturbation une sorte de déviance égoiste, une "faute contre l'amour" est complètement débile, en l'occurence. C'est simplement une réaction physiologique normale. Diogène de Sinope,qui se branlait en public en disant qu'il serait formidable de ne plus avoir faim en se frottant le ventre exprimait parfaitement cette idée.

    Que dans quelques cas, la masturbation puisse devenir maladive, particulièrement lorsqu'elle est corrélée au porno, jeveux bien l'admettre. Mais extrapoler sur ces quelques cas pour produire des analyses moralisantes sur le porno et la masturbation en général,c'est une anerie, puisqu'on généralise à partir d'une exception.

  • La pornodépendance est effectivement un fléau. D'abord, car c'est un tabou de société, ensuite parce qu'il existe des personnes qui sont réellement accroc au X au point d'avoir du mal à avoir des contacts normaux avec l'autre gente.

    Mais le vrai fond du problème est celui-ci :

    https://www.shelleylubben.com/sites/default/files/LA_Public_Health_9-17-09.pdf

    Point question de culpabilisation là-dedans, mais connaître l'envers du décor de quelque chose que l'on consomme, et surtout ses conséquences humaines permet effectivement de se demander si l'industrie du porno est saine. Maladies vénériennes, sida, suicides, drogues et j'en passe et des meilleures... Est-ce vraiment quelques cas isolés, ces souffrances humaines ?

    La masturbation est saine et naturelle, oui, l'industrie du porno pas vraiment et excuser les travers et l'exploitation humaine en l'amalgamant avec un besoin naturel évite de se poser la question du sens de ce que l'on regarde, et donc applique le système du "circulez, y a rien à voir". On devrait encourager l'imagination lors de la masturbation et permettre une éducation sexuelle plus respectueuse de l'autre (dans TOUS les sens) .

    Je précise, je ne suis pas religieux, ni béni oui oui, ni quoi que ce soit de moralisateur, mais la pornographie a personnellement et effectivement eu une influence sur ma sexualité et même si on ne peut pas considérer ceci comme une drogue, les effets sociaux et affectifs d'un gros consommateur (j'en reviens et je sais de quoi je parle) peuvent être dramatiques à la fois socialement comme du point de vue amoureux. C'est bien le cerveau primitif qui est activé lorsqu'on regarde un porno, ne nous y trompons pas.

    De plus, où est le mérite de rester chez soi à regarder des femmes payées et des scènes coupées (eh oui, si vous croyez qu'ils font tout d'une traite...) qui ne donnent qu'une version partielle de la sexualité ou bien une vision erronée qu'on peut très bien intégrer dans sa personnalité.

    Je ne cautionne absolument plus le monde du porno dans sa majorité. Seuls quelques rares compagnies appliquent des règles d'hygiène strictes avec utilisation de préservatifs et contrôles médicaux, mais ce ne sont que des gouttes d'eau dans l'océan.

    Pourquoi nier les souffrances (féminines comme masculines) liées à cette industrie ? Je sais bien que des groupuscules religieux tentent de s'emparer du sujet, mais il existe aussi des études sérieuses !

    Je conseille aux sceptiques de lire cet article avant de condamner quoi que ce soit

    http://www.pornodependance.com/esthcorps.htm

    Bonne soirée

  • "D'abord, car c'est un tabou de société, ensuite parce qu'il existe des personnes qui sont réellement accroc au X au point d'avoir du mal à avoir des contacts normaux avec l'autre gente."

    Je pense que dans ce genre de cas, le porno n'est qu'un exutoire, pas la cause. La personne en question a un problème de timidité avec les femmes, et se réfugie dans le porno.

    Je doute, d'autre part, que les maladies vénériennes, la drogue et le suicide soient l'apanage du monde pornographique.

    Enfin, je ne nie aucunement les souffrances qui peuvent exister, je nie que le porno en soit la cause. Les gens qui s'isolent, qui ne savent pas approcher les femmes, qui se droguent de telle ou telle façon (que ce soit à coup de porno, d'opium ou autre) ont des problèmes à la base, et la drogue en question n'est jamais qu'un exutoire, et non la cause du problème.

  • moi je vais sur porno dépendance et j'en suis fier oui la porno dépendance est une maladie dont je souffre depuis 13 ans je vais mieux aujourd'hui a36 ans et oui se passer de masturbation pendant un mois ou plus est nécessaire pour un porno dépendant car il souffre de masturbation compulsive de 6 à10 fois consécutive ce n'est plus de la branlette c'est je pense de la maladie. je n'aime pas les gens qui se moque de quelque chose qu'il ne connaissent pas et je préciserais qu'un paien crois en un ou plusieurs autre dieux( c'est la vrai définition excusez moi= moi je pense plutôt être un libre penseur j'ai aussi à dire que les chrétiens même si moi je crois en l'être humains pas dans un dieu qui dirigerais tout sont des gens qui mérite le respect. merci à cleomenes dont je partage le point de vue

  • non en fait je ne suis pas totalement d'accord avec cleomenes merci a kartoo qui se rapproche de ma pensé bien qu'il pense qu'il suffit qu'un pornographe mettent des capotes pour vendre ses films bien jespère que certains d'entre eux méritent un certains respect même si pour poi la pornographie est un monde rempli de mensonge

  • C'est très bien de commenter mon blog, mais l'idéal serait de le faire avec des post moins confus et mieux orthographiés. Merci d'avance.

    Se branler 10 fois par jour relève en effet probablement de la maladie. Après on ne me fera pas croire que ça concerne des pans entiers de la population. D'autre part, est-ce qu'une tentative "d'abstinence" totale est la meilleure façon de se sevrer, laissez-moi en douter.

    ps: Cleomenes et l'auteur du blog sont une seule et même personne.

  • Certaines remarques sont exactes, comme celle soulignant le rapport entre la morale féministe et la morale judéo-chrétienne.
    Cependant votre mise en accusation systématique de la morale judéo-chrétienne occulte un fait social majeur en matière de puritanisme et de sexualité : la jouissance des classes sociales laborieuses, les moins oisives, est toujours limitée par les classes sociales dominantes. Le christianisme n'est donc pas une religion puritaine en soi, mais les élites politiques et morales chrétiennes l'ont adaptée aux exigences de la domination des "classes laborieuses". C'est ce qui explique que le puritanisme persiste au-delà du pouvoir d'injonction morale de l'institution ecclésiastique, dont les sondages montrent qu'il est à peu près nul, y compris sur les rares chrétiens pratiquants qui subsistent. Le catholicisme s'est étiolé, mais le besoin d'une morale puritaine afin de contraindre les "classes laborieuses" a subsisté.
    - Il faut ajouter que l'idée selon laquelle "le sexe rend libre" n'est pas une idée païenne, mais qu'elle dérive de la morale judéo-chrétienne elle aussi. D'une certaine manière, la détermination sexuelle des personnes puritaines est encore plus forte que celle des libertins.

  • Votre analyse marxiste me laisse assez perplexe. Le moralisme sexuel serait la création des classes sociales dominantes, et s'exercerait sur les classes laborieuses ? C'est très discutable. Quand Tiger Woods doit faire amende honorable d'avoir trompé sa femme, par exemple, faut-il y voir l'exercice d'une tyrannie de la classe dominante sur un malheureux prolétaire ?

    D'autre part, on constate clairement dans le christianisme, et ce dès ses débuts, une propension particulière au puritanisme. Les écrits de Saint Paul, puis des pères de l'Eglise sont suffisamment éloquents à ce sujet.

    En revanche, je suis d'accord avec vous pour dire que la vulgate actuelle sur la sexualité est en quelque sorte liée au christianisme, puisqu'elle en prend le contrepied, et constitue une sorte de réaction épidermique à la morale sexuelle chrétienne. C'est pourquoi je prône, pour ma part, un retour à une position (si j'ose dire) plus équilibrée, d'inspiration païenne, qui réconcilie la nécessité de certains cadres moraux avec le plaisir. Ni pornographie, ni puritanisme, car il s'agit des deux faces de la même pièce.

  • Pas forcément marxiste. Nietzsche, par exemple, qui souhaite remettre la jouissance au coeur de la culture, a conscience de ce que cette jouissance (dont la sexualité est loin pour Nietzsche d'être le seul "terrain d'exercice") ne pourrait pas être partagée par tous - je veux dire par là que la doctrine de Nietzsche est incompatible avec une idée égalitaire de la jouissance (celle que la culture moderne promet beaucoup plus qu'elle ne tient).
    - A l'exemple de Tiger Wood, je vous réponds par celui de DSK : ses moeurs, disons libertines, ne l'ont jamais empêché d'être officiellement féministe - son ex-compagne était même une sorte de porte-parole de l'éthique féministe : une chose est le comportement des élites en privé, et celui de l'attitude officielle "face au peuple".
    - Quant à Paul de Tarse, je ne crois pas que son propos soit de fonder une morale publique qui s'applique à tous. Il se rapproche plus du propos de certains philosophes païens stoïciens, qui font preuve vis-à-vis d'eux-mêmes et de leurs disciples d'une certaine exigence morale, sans avoir la prétention de fonder une société toute entière sur ces exigences. Autrement dit, la morale puritaine chrétienne est contestable sur la base même des textes fondateurs du christianisme, notamment de cette fameuse exhortation du Christ à ne pas fonder le royaume de dieu sur la terre. Comment justifier une politique, et même une morale chrétienne à partir de là, sinon en tordant habilement les textes ?

  • Dire que la jouissance ne peut pas être partagée de façon égale, et dire que les classes supérieures l'organisent, ce sont deux choses bien distinctes. Certains prolétaires s'amusent beaucoup mieux au lit que de grands bourgeois.

    Il y a certes la morale privée et la morale publique (je n' apprendrai surement pas à un grand lecteur de Nietzsche que la morale sexuelle n'est essentiellement qu'une hypocrisie valable uniquement en public) mais les riches sont loin d'être les seuls à jouer à ce jeu. Combien de vierges effarouchées dans le peuple, qui ne se privent pas, après de belles tirades morales, de tromper, de coucher un peu partout, etc ?

    Que Paul n'ait pas imaginé l'étendue qu'allaient prendre ses préceptes moraux, je vous le concède. Mais à partir du moment où le message est universel (il s'adresse aux Grecs comme aux Juifs), pourquoi la morale ne le serait-elle pas ?

  • Il n'y a pas d'exemple selon moi de morale publique qui ne soit édictée par l'élite morale et politique - y compris la morale moderne démocratique, féministe, censée être "dans l'intérêt du peuple", mais dans laquelle un marxiste tel que moi voit plutôt une morale bourgeoise.
    - Vous touchez à l'essentiel dans votre dernière remarque, puisque, de fait, l'idée de "morale universelle" n'est pas chrétienne. Quand Nietzsche reproche au christianisme d'être essentiellement anarchiste, c'est-à-dire de ne pouvoir servir de base à une quelconque morale ou doctrine sociale, il a parfaitement raison. Pour inventer une "morale chrétienne", la philosophie médiévale a bien été obligée d'emprunter à Platon ses principes païens (on peut lire dans la Genèse dans quelles circonstances le don de discernement moral, c'est-à-dire la connaissance du bien et du mal, a été accordée à Adam et Eve).

  • Les morales sont peut être édictées par les élites, mais cela ne veut pas dire qu'elle reste éternellement leur outil propre. Le peuple peut se l'approprier largement. Le puritanisme anglo-saxon, par exemple, me semble essentiellement populaire.

    Quand au christianisme, notamment celui des origines, je pense que s'il est anarchique, c'est essentiellement à cause de sa morale outrée. Juger le monde si impur que l'on ne peut s'y mélanger, rejeter, par morale la quasi-totalité de sa propre civilisation, qu'est-ce sinon un anarchisme moraliste ?

  • La culture de masse américaine, qui selon moi constitue aujourd'hui la base des principes religieux dans la nation la plus avancée du monde (la publicité commerciale joue un rôle déterminant en matière sexuelle & alimentaire), cette culture de masse n'est pas une culture populaire. Si vous prenez ne serait-ce que le cinéma et la télévision, leurs moyens de production et de diffusion indiquent que ce sont des moyens entre les mains des élites.
    - Par ailleurs le christianisme est bien lié à une idée de pureté, mais elle n'est pas morale. Du point de vue païen qui est le vôtre, c'est bien la tentative de certaines élites dites "judéo-chrétiennes" de réformer la société qui est illégitime et destructrice de la civilisation, par conséquent les effets d'un discours moral chrétien. Le propos authentiquement chrétien selon lequel la société est et restera un enfer jusqu'à la fin des temps, vous êtes en droit de le trouver parfaitement idiot, mais au moins il ne menace pas l'ordre social, dont le principe de jouissance modérée fait partie.

  • Rejeter la société dans son ensemble (excepté ses correligionnaires) est forcément un danger social. Je viens d'ailleurs d'en voir une excellente illustration dans un documentaire nommé Rois et shamanes de l'Arunachal Pradesh. Dans cette région, l'irruption des missionnaires chrétiens a divisé la société, exactement comme a l'antiquité dans l'empire romain.

  • Non, je crois que l'attitude du procurateur romain Pilate lors du procès de Jésus est justifiée : il est disposé à classer l'affaire, parce que le message chrétien, dans sa version authentique, ne présente pas de menace pour l'ordre public. La véritable menace était pour le clergé juif, qui a exigé pour cette raison l'exécution du christ Jésus. Dans la mesure où le christianisme ne permet pas de fonder une culture alternative, il ne représente pas un danger.

    - La thèse de la responsabilité du christianisme dans la chute de l'empire romain est très fragile. On peut établir au contraire que le christianisme, dans sa version truquée, c'est-à-dire récupéré par Constantin, a permis aux valeurs et à la culture romaines de se maintenir artificiellement plus longtemps qu'elles n'auraient dû, de sorte que c'est un coup de génie politique de la part de Constantin de s'emparer d'une "religion neuve", bien qu'elle soit la plus dépourvue de but civique, pour remplacer un culte romain à bout de souffle. Même pour un païen, il n'y a pas beaucoup de raisons d'admirer la civilisation romaine.

    - Vous posez le problème de la colonisation et de la collaboration des missionnaires chrétiens à cette entreprise. C'est un problème très vaste et compliqué. En Algérie où les autorités républicaines alors pétries d'idéaux maçonniques ont freiné tant qu'elles ont pu (et de façon efficace) les efforts du clergé catholique pour s'implanter en Algérie, le résultat s'est avéré aussi catastrophique.

  • Le christianisme des origines ne représente pas un danger essentiellement parce qu'il n'est encore qu'une secte. Je pense qu'il est irréaliste de dire qu'il s'est corrompu avec son triomphe, car on ne peut exiger d'une religion triomphante de garder les habitudes d'une secte. On ne peut davantage exiger d'une pensée quelconque qu'elle n'évolue pas.

    Concernant le rôle du christianisme dans la chute de l'empire romain, je pense qu'il a joué son rôle. D'un point de vue religieux, cependant, il fait partie d'une véritable lame de fond mystique qui devait tot ou tard emporter la civilisation antique.

    Le paganisme soit disant à bout de souffle est en réalité, au III-IVème siècle, très semblable au christianisme (avec un soupçon de tolérance en plus, moins de judéomanie, et plus de respect de la civilisation).

    Avec ou sans l'Eglise, la méditerranée aurait sombré dans une bouillie philosophico-mystique basée sur une vision dualiste du monde, et sur des préoccupations d'après mort.

    Sur Constantin en particulier, il est frappant de voir qu'excepté ses faveurs envers l'Eglise, il suit exactement la même politique globale que les tétrarques, grand persécuteurs. Orientalisation du monde romain (en copiant les monarques perses), centralisation, intolérance religieuse (même si elle n'est pas dirigée contre les mêmes)...

  • Il ne s'agit pas d'évolution de la pensée chrétienne, mais de contradiction radicale de l'esprit et de la lettre du christianisme, en son nom. Ce phénomène explique que le pouvoir des autorités morales dites "chrétiennes" a toujours été fragile, non seulement parce qu'il est illégitime du point de vue païen, mais aussi parce que le pouvoir du clergé est illégitime au regard des évangiles, ce qui a permis aux philosophes des Lumières, par exemple, y compris quand ils étaient athées, de combattre le clergé catholique en se référant aux saintes écritures.

    - C'est principalement cette fragilité de l'éthique judéo-chrétienne, doublement illégitime, qui est facteur d'évolution de la pensée occidentale, qui n'a pas de point d'ancrage. Vous en serez d'accord, je suppose, l'évolution n'est justifiable que si elle amène un progrès - or l'éthique moderne "judéo-chrétienne" n'est pas plus un progrès du point de vue chrétien qu'elle n'est du point de vue païen. Vous pouvez me confronter avec un démocrate-chrétien, je me fais fort d'établir que sa doctrine est juridique, et qu'étant juridique elle ne peut pas être chrétienne.

    - Par "paganisme à bout de souffle", je fais allusion au propos de savants historiens qui, à l'instar de Marx, ont été capable d'établir la supériorité de la culture grecque sur la culture romaine sur des critères précis. Ce propos implique que l'empire romain hérite de la Grèce, mais qu'il est dépourvu de génie ou de vertu propre. Si vous lisez le Sermon sur la chute de Rome d'Augustin d'Hippone, vous constaterez deux choses : d'abord son indifférence à l'égard de cette crise, parfaitement compréhensible du fait que, pour un chrétien, la civilisation repose nécessairement sur le mensonge. Mais vous remarquerez surtout la distance qu'il y a entre le sermon d'Augustin et les doctrines chrétiennes dominantes aujourd'hui, qui ne cessent d'affirmer le bénéfice de l'éthique judéo-chrétienne pour l'humanité. La question que vous devriez vous poser, c'est : quel est le bénéfice pour une nation comme les Etats-Unis d'invoquer le Christ et les symboles du judéo-christianisme, alors même que cette religion contient un empêchement à la culture, l'art et la politique ? Si vous trouvez la réponse à cette question, alors peut-être serez vous moins convaincu que l'histoire n'a aucun sens.

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