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1884

  • La baigneuse assise de Bouguereau (1884)

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    La baigneuse assise  de  Bouguereau est à mes yeux l’un des plus beaux nus de la peinture. Techniquement irréprochable (le reflet du pied dans l’eau, très réussi, est d’ailleurs d’une virtuosité ostentatoire), le tableau possède une harmonie des couleurs remarquable, le bleu vif du tissu se mêlant parfaitement avec la chevelure brune, la peau et le sable.

    Le regard de la femme est aussi particulièrement profond, humain. Cette femme semble préoccupée. A quoi pense-t-elle au juste ? On ne peut le savoir. Mais, quelle que soit la réflexion ou la rêverie qui l’occupe, on sent derrière ces yeux une pensée, une vraie personnalité.

    Qui est-elle ?  Elle n’est en tout cas vêtue que d’un beau tissu bleu, dont elle a couvert son dos. On ne voit pas à ses cotés de chaussures, ce qui laisse penser qu’elle va pieds nus. Est-ce une femme venue se baigner, ou une déité marine ?

    Ce tableau ne se contente pas d’être magnifique et mystérieux, il véhicule également un canon féminin dont notre époque devrait prendre de la graine. On est ici très loin de la maigreur cadavérique des mannequins, tout autant que de l’obésité hideuse des soit disant « rondes ». Cette fille ne fait ni 40 kilos, ni 100. Elle n’a ni un ventre plat Weight Watcher, ni un cul McDo. (deux conneries venues d’outre atlantique tiens). Elle respire la vie, la santé.

    Tout le génie du peintre consiste d’ailleurs à sublimer cette beauté après tout relativement ordinaire, à mettre en lumière sa noblesse, sa particularité, son éclat. On est à l’opposé de ces canons culpabilisants, où la beauté féminine est l’exception. Ici, elle se dévoile chez un modèle, une fille du peuple, gâtée sans doute, mais pas exceptionnelle.

    Cette baigneuse est aussi pleine de noblesse. Sa pose est pleine de distinction, sans sophistication. Elle est sensuelle sans être triviale. On est loin de la grossièreté des putains de Manet, avec leur tronche de cake, qui semblent dire « C’est deux cent balles, coco ! ». Loin aussi des mortes vivantes d’Avignon, ou du néant de l’art abstrait.

    En deux mots, ce tableau est un chef d’œuvre, qui en prime véhicule une image de la femme infiniment plus saine que les canons décadents de notre époque.