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  • L'université, antre de la connerie

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    Dites-vous « narration autodiégétique » plutôt que « récit à la 1ère personne » ? Parlez-vous de « paradigme » plutôt que de « modèle » ? Le jargon pseudo-savant de la sociologie et de l’anthropologie culturelle a-t-il pour vous des attraits cachés ? Vous êtes fin prêt à intégrer l’université et son ramassis de guignols.

    Bon j’avoue, pour quelqu’un qui a bac+5, se moquer de l’enseignement supérieur, c’est comme dénoncer la malbouffe en ayant mangé chez Mc Donald de 15 à 25 ans. Mais quand même, y a un moment où l’on se rend compte qu’on avale de la merde. Moi, les doutes ont commencé quand j’ai vu un mec débiter une conférence en anglais devant un auditoire qui n’en comprenait pas un mot. Ou peut-être le jour où j’ai entendu une prof se plaindre de l’orthographe d’élèves qui mettaient -ent au bout des noms et -s au bout des verbes, en 4ème année. Non attendez, c’est quand on m’a dit de mettre une bibliographie en allemand, même si je n’en lisais pas un mot. Ou une autre fois encore, qui sait ?

    La connerie universitaire actuelle est incommensurable. La plupart de ces éminents professeurs n’ont absolument aucune culture générale. Ils se cantonnent à un tout petit domaine, dans lequel ils sont surs de régner en maîtres, étant à peu près les seuls à s’y intéresser. On est à des kilomètres des intellectuels de jadis, d’une authentique vie de l’esprit. La plupart de ces grands spécialistes n’auraient pas un mot à dire sur la littérature ou l’actualité. Les lettrés de l’antiquité en crèveraient de rire.

    L’université écrit beaucoup. Elle a presque plus d’auteurs que de lecteurs. Et pour cause, la ratatouille qu’elle produit en masse est à peu près illisible. Dans le genre, je vous conseille la prose de Pierre Brulé ou de Claude Calamme. Les titres à eux seuls donnent le ton : « Comment percevoir le sanctuaire grec ? Une analyse sensorielle du paysage sacré » ou « Masques d’autorité. Fiction et pragmatique dans la poétique grecque ». J’adore le polythéisme antique et la poésie, mais je ne lirais pas ces cochonneries verbeuses pour un empire. Vous croyez le bon Cléomène mauvaise langue ? Allez voir par vous-même les articles (récents) d’un site comme Persée. Le nombre de coquilles dans ces pages jargonneuses ne peut vouloir dire qu’une chose : non seulement la plupart de ces rigolos ne se relisent pas, mais personne ne les lit.

    En bref il nous « semble falloir parler » (comme disent les savants) d’un véritable ramassis d’andouilles. Leur nombre même en est témoin : les campus occidentaux fabriquent des dizaines de milliers de professeurs, des dizaines de millions de diplômés. On ne produit rien de bon à une échelle aussi massive. L'université, c’est comme les chocolats Léonidas : l’excellence pour ceux qui ne connaissent que de nom, de la merde pour les connaisseurs.