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  • L'antisémitisme, son histoire et ses causes, de Bernard Lazarre

    Bernard Lazarre, l'antisémitisme son histoire et ses causes, Drumont, Dreyfus, racisme

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Etrange destin que celui du livre de Bernard Lazarre (écrivain d’origine juive, qui fut le premier à défendre Dreyfus) intitulé L’antisémitisme, son histoire et ses causes. Ecrit en réponse à Edouard Drumont (fameux antisémite catholique auquel on a dédié récemment un livre et un film ; curieuse médiatisation, qui contraste avec l’oubli généralisé dans lequel on tient soigneusement Bernard Lazarre, on se demande bien pourquoi) ce livre n’a guère été réédité, et lorsqu’il l’a été, ce fut presque toujours dans des librairies connotées d’extrême droite. Allez comprendre pourquoi…

    Sans résumer le contenu du livre, très compréhensible d’après le titre, et tout en regrettant que la question de l’antijudaïsme antique n’ait pas été mieux traitée (c’est toujours la même chose avec les livres qui couvrent un phénomène de l’antiquité à nos jours, l’antiquité est réduite à la portion congrue…) je vous laisse découvrir ces extraits issus de l’introduction et du premier chapitre.

     

    « Je n'approuve pas l'antisémitisme, c'est une conception étroite, médiocre et incomplète, mais j'ai tenté de l'expliquer. Il n'était pas né sans causes, j'ai cherché ces causes. Ai-je réussi à les déterminer? C'est à ceux qui liront ces pages d'en décider. Il m'a semblé qu'une opinion aussi universelle que l'antisémitisme, ayant fleuri dans tous les lieux et dans tous les temps, avant l'ère chrétienne et après, à Alexandrie, à Rome et à Antioche, en Arabie et en Perse, dans l'Europe du Moyen Âge et dans l'Europe moderne, en un mot, dans toutes les parties du monde où il y a eu et où il y a des Juifs, il m'a semblé qu'une telle opinion ne pouvait être le résultat d'une fantaisie et d'un caprice perpétuel, et qu'il devait y avoir à son éclosion et à sa permanence des raisons profondes et sérieuses. »

     

    « Si l'on veut faire une histoire complète de l'antisémitisme -- en n'oubliant aucune des manifestations de ce sentiment, en en suivant les phases diverses et les modifications -- il faut entreprendre l'histoire d'Israël depuis sa dispersion, ou, pour mieux dire, depuis les temps de son expansion hors du territoire de la Palestine. Partout où les Juifs, cessant d'être une nation prête à défendre sa liberté et son indépendance, se sont établis, partout s'est développé l'antisémitisme ou plutôt l'antijudaïsme, car antisémitisme est un mot mal choisi, qui n'a eu sa raison d'être que de notre temps, quand on a voulu élargir cette lutte du Juif et des peuples chrétiens, et lui donner une philosophie en même temps qu'une raison plus métaphysique que matérielle. Si cette hostilité, cette répugnance même, ne s'étaient exercées vis-à-vis des juifs qu'en un temps et en un pays, il serait facile de démêler les causes restreintes de ces colères ; mais cette race a été, au contraire, en butte à la haine de tous les peuples au milieu desquels elle s'est établie. Il faut donc, puisque les ennemis des Juifs appartenaient aux races les plus diverses, qu'ils vivaient dans des contrées fort éloignées les unes des autres, qu'ils étaient régis par des lois différentes, gouvernés par des principes opposés, qu'ils n'avaient ni les mêmes mœurs, ni les mêmes coutumes, qu'ils étaient animés d'esprits dissemblables ne leur permettant pas de juger également de toutes choses, il faut donc que les causes générales de l'antisémitisme aient toujours résidé en Israël même et non chez ceux qui le combattirent. »